PERSONNALITÉ ET INDIVIDUALITÉ

Commençons par établir le lien entre les Trois Mondes tels que vus précédemment et leur expression dans le domaine de la Psychologie. Bien que le but premier de la psychologie est d'établir "un discours sur l'âme", nous avons vu plus haut que l'approche de Jung, ainsi que celle de Maslow intègre l'aspect spirituel dans leurs réflexions. Il en est même l'aspect central ou le plus élevé.

Selon la doctrine de Pythagore, nous avons vu que l’homme est triple : corps, âme, esprit. Il a une partie invisible, immortelle et indivisible : l’esprit ; une partie visible, périssable et divisible : le corps. L’âme qui les relie participe à la nature des deux.

Se connaître, c'est s'aligner sur soi-même, ce Soi Supérieur qui représente la vision la plus haute ou la plus profonde que nous ayons de nous-mêmes. La géonumérologie permet de connaître le sol sur lequel la graine en vous peut s’épanouir.

Nous pouvons établir un parallélisme entre ces trois principes et ceux de la psychologie :

• Le Monde Divin ou Monde Spirituel va représenter la plus haute idée que nous ayons de Soi; la force archétypale qui nous pousse à agir;
• Le Monde Humain, ou Monde Psychologique se décompose en pensées, sentiments et actions. C'est le siège du Moi conscient. Ses organes sont le cerveau, le cœur et le ventre.
• Enfin, le Monde Naturel est le théâtre où s'opère la manifestation du "Moi" à travers le "Je" de l'ego, qui portant de multiples personnalités (persona veut dire masque en latin) agit dans la communauté à plusieurs niveaux. Le "Moi" est en relation avec le "l'autre proche" la famille, les amis proches et le "Je" avec le "l'autre lointain", le groupe, la collectivité.

Le Soi selon Carl Gustav Jung semble désigner l’être dans son entièreté potentielle.

« Le Soi embrasse non seulement la psyché consciente, mais aussi la psyché inconsciente et constitue de ce fait pour ainsi dire une personnalité plus ample, que nous sommes aussi…. »

Jung utilise la notion de circonférence pour définir le Soi car il est le plus souvent symboliquement représenté par le cercle, le cercle signifie le tout, l'unification, l'enveloppe protectrice, la séparation entre l'intérieur, le Soi et l'extérieur, le non- soi.

« Le Soi n'est pas seulement le centre, mais aussi la circonférence complète qui embrasse à la fois le conscient et l'inconscient ; il est le centre de cette totalité comme le moi est le centre de la conscience. » - Carl Gustav Jung, Ma vie

Chez l'homme, ce cercle semble avoir plusieurs couches :

• le « Soi » situé au centre représente votre nature la plus profonde, notre noyau divin, la vision la plus haute que vous avez de vous-même, votre idéal en quelque sorte;
• le « Moi » est votre personnalité consciente qui pense, ressent et agit;
• le « Je » représente le Moi en action dans la communauté, la façon dont les autres vous perçoivent.

Cela implique que chaque individu est à la fois un composé, un composant et une entité en soi. Composé de couches intégrées de soi superposées à l'image des poupées russes. Composante car souvent intégrée à des ensembles plus larges (famille, travail, etc.). Mais il forme toujours une entité à part entière avec ses frontières, ses dispositifs d'auto-conservation et d'échange avec son environnement.

La réalisation de soi signifie qu'un individu devient le plus originellement possible ce qu'il est appelé à être par le développement de ses propres qualités.

L'individuation désigne le passage d'une forme générale à un être singulier, unique et irréductible (indivisible).

La question de l'individuation, ce qui fait notre singularité, est posée depuis l'Antiquité par les plus grands noms de la philosophie. Aristote et Platon se sont affrontés sur le sujet. La question du passage de l'espèce au singulier a été réglée par Platon de la manière suivante : il existe un monde d'idées (ou de formes) pures et éternelles dont chaque personne ici-bas n'est que le reflet imparfait.

CG Jung avait une conception très élevée de l'individuation : ce n'était pas simplement le fait d'être quelqu'un de singulier - nous le sommes tous - mais le fait d'atteindre un état d' épanouissement : devenir un "homme total". L'adulte atteint le stade de l'individuation lorsqu'il a enfin trouvé sa « voie » après un long cheminement personnel.

Comment pouvons-nous apprendre le vrai sens de notre existence si nous ne connaissons pas notre vraie place, notre mission de vie ? « Connais-toi toi-même » signifie que l'homme n'est pas ce qu'il pense être et qu'il doit donc se rappeler qui il est réellement.

« La source de tous les biens, est la sagesse, et la sagesse commence par la connaissance de soi-même. »

Pythagore

L’individuation du Soi ne consiste pas à « corriger des erreurs », ni à « développer des qualités », mais à « déployer notre conscience ».

Nous sommes ici proche de Maslow, avec sa dimension ontique (l'être l’humain que l’on a à être de Heidegger avec l’Être), et aussi de Gottfried Wilhem Leibniz avec ses « monades », qui sont des « unités d’Être » en déploiement (Monadologie -1999).

L'individuation est la clé de voûte de l'œuvre jungienne. Elle traduit ce processus où l'on chemine vers le Soi.

Jung emploie l'expression d'"individuation" pour désigner le processus par lequel un être devient un "in-dividu" psychologique, c'est-à-dire une unité autonome et indivisible, une totalité.(…). On pourrait donc traduire le mot d’individuation par « réalisation de soi-même », « réalisation de son Soi ».

Deux mots clés déterminent ce cheminement intérieur; interpréter et intégrer. On interprète d'abord les images qui jaillissent de l'inconscient pour ensuite les intégrer par un comportement approprié, tenant compte de ce que suggère l’inconscient.

« Je mis le plus grand soin à comprendre chaque image, chaque contenu, à l'ordonner rationnellement autant que faire se pouvait et surtout, à le réaliser dans la vie. Car c'est cela que l'on néglige le plus souvent. On laisse à la rigueur monter et émerger des images, on s'extasie peut-être à leurs propos mais le plus souvent, on en reste là. »

C.G. Jung, Ma vie

L'accomplissement d'un individu serait la réalisation du Soi en lui-même; Jung donne l'appellation « d'individuation », dans les années trente, à ce processus d'assimilation du Soi par la conscience.

« Deviens ce que tu es, fais ce que toi seul peux faire. »

Frédéric NIETZSCHE

« Un être humain est une partie d'un tout que nous appelons : Univers. Une pièce limitée dans le temps et dans l'espace. Il se vit lui-même, ses pensées et ses émotions comme quelque chose de séparé du reste, une sorte d'illusion d'optique de la conscience. Cette illusion est une sorte de prison pour nous, nous enfermant dans nos désirs personnels et l'affection de quelques personnes proches de nous. Notre tâche doit être de nous libérer de cette prison en élargissant notre cercle de compassion pour embrasser toutes les créatures vivantes et l'ensemble de la nature dans toute sa beauté. »

Albert Einstein

Le Soi est la signification psychologique de l'idée de Dieu. Il définit le Soi comme une intuition, une voix intérieure, une poussée en lui-même qui demande à être assimilée par la conscience. Dieu est cette voix en nous qui nous dit ce qu'il faut faire et ne pas faire. En d'autres termes notre conscience…

Il ne s'agit pas de croire dit-il, mais de faire l'expérience de Dieu. Le concept de Dieu chez Jung renvoie indubitablement, tout autant à l'intuition ou l'expérience intérieure. Il définit ce concept comme ce qui oriente et donne sens au processus psychique. Nous croyons que ce vécu est typique de l'expérience mystique où l'on entre en contact avec quelque chose de plus grand que soi-même.

Dieu est en nous-même et n'existe pas seulement comme pure transcendance. Malgré l'affirmation du Christ que « le royaume de Dieu est en nous », la théologie occidentale tourne le dos à une divinité intérieure contrairement aux philosophies orientales. C'est justement pourquoi il faut regarder non pas la théologie mais la tradition mystique chrétienne depuis les pères de l'Église jusqu'à Teilhard De Chardin si l'on veut comprendre le divin.

Selon Jung, Dieu s'introduit dans l'âme par l'intermédiaire d'images ou de symboles.

« L'enfer est le contraire de la joie. C'est l'absence de plénitude. C'est savoir qui et ce que vous êtes, et ne pas pouvoir en faire l'expérience. »

Conversations avec Dieu