Arithmétique, Géométrie & Philosophie.
La numérologie antique de Pythagore n'est pas une simple arithmancie à but divinatoire mais bien une philosophie numérique emprunte de rationalité. D'ailleurs, l'utilisation des nombres figurés est toujours d'actualité 27 siècles plus tard.
Les Bases de la numérologie actuelle.
Les signes servant à représenter le nombre
A l’époque de Pythagore (VIe siècle av J.C.), c’est les lettres de l’alphabet grec qui sont utilisées pour désigner les nombres : Alpha pour Un, Bêta pour Deux, Gamma pour Trois, Delta pour 4, etc.
Dans le tableau ci-dessus figurent les valeurs numériques des 27 lettres de l'alphabet grec.
Ce rapprochement entre chiffres et lettres est une évidence pour l’homme de l’antiquité, puisqu’en latin et en grec, comme en hébreu, les lettres ont une valeur numérique, aucun signe graphique particulier n’ayant été prévu pour représenter les nombres.
En hébreu, la mystique des nombres prend le nom de kabbale ou gématrie (qui dérive de géométrie).
Dans ces deux systèmes les lettres représentent les nombres et vice versa les nombres correspondent aux lettres, d'où les méthodes d'onomancie numérique et les calculs isopsèphes aussi bien en grec qu'en hébreu.
Base de la numérologie actuelle
La réduction théosophique (du grec : theos, divin et sophia, sagesse) correspond à la numérologie actuelle à 9 nombres. Elle consiste à réduire tous les nombres formés de deux ou plusieurs chiffres à des nombres à un seul chiffre, et cela en additionnant les chiffres qui composent le nombre jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un.
Exemple : 19 = 1 + 9 = 10 = 1 + 0 = 1
« La réduction théosophique était une opération familière aux pythagoriciens qui négligent les nombres supérieurs à 10. C’est pour cela qu’ils réduisirent aux neufs premiers nombres les nombres supérieurs à 10, ne tenant compte que de leur racine ou pythmên, c’est-à-dire en leur substituant le reste de leur division par neuf, ou le nombre neuf même quand le nombre était un multiple de neuf. »
Arthuro Reghini ~ Les Nombres Sacrés dans la Tradition Pythagoricienne Maçonnique
« Le NOMBRE n’y était pas considéré comme une quantité abstraite, mais comme la vertu intrinsèque et active de l’UN suprême, de Dieu, source de l’harmonie universelle. La science des nombres était celle des forces vivantes, des facultés divines en action dans les mondes et dans l’homme, dans le macrocosme et le microcosme...
En les pénétrant, en les distinguant et en expliquant leur jeu, Pythagore ne faisait donc rien moins qu’une théogonie ou. une théologie rationnelle. »
Edouard Schuré - Les grands Initiés
La connaissance de Soi à travers son Nom
Chaque être humain reçoit dès sa naissance un nom est un prénom qui vont le suivre tout au long de sa vie. Ce cadeau n'est pas anodin car il renferme en lui une puissance particulière qui va agir de manière constante jusqu'à la mort. C’est le pouvoir du Nom .
« Les Pythagoriciens assuraient que chaque lettre a son nombre certain qui désigne l'avenir; que l'on peut deviner ce qui doit arriver aux hommes en calculant les nombres contenus des les lettres de leurs noms propres. »
Agrippa - De Vanitate Scientiarum
Dans l’ancienne Égypte, comme chez tous les peuples de l'Antiquité, les noms revêtaient une grande importance. Le nom n'était pas donné au hasard car il était sensé représenter l’individu, devenir sa personnalité , son identité propre .
Pour les anciens le nom de la personnalité était tout d'abord une vibration car pour le prononcer nous sommes obligés d' articuler un son . Que ce soit Eric ou Yoann chaque enfant est assimilé à la vibration prononcée par la voix et comme toute vibration n’est pas sans effet... on peut s'attendre à ce qu'Éric ait une éducation plus stricte que celle de Yoann compte tenu de la prononciation plus sèche et "autoritaire" du premier.La prononciation du nom va avoir une influence précise sur la personne qui le porte. Il est vrai que pour la tradition authentique, la prononciation d’un nom a un effet réel car la modulation des vibrations sonores est une musique qui a un impact tangible.
Le nom prononcé produit donc un champ vibratoire qui caractérise un individu, et représente en quelque sorte sa signature vibratoire personnelle .
« il faut se souvenir que le vrai nom d’un être n’est pas autre chose, au point de vue traditionnel, que l’expression de l’essence même de cet être; la reconstitution du nom est donc, symboliquement, la même chose que celle de l’être lui-même »
Symboles de la Science Sacrée - René Guénon
Les Bases de la numérologie actuelle.
Traits de personnalités des nombres
La science des nombres a pour objet, non seulement la considération de leurs propriétés, mais surtout la recherche de tous les rapports possibles qu'ils peuvent résulter de la comparaison ou de la combinaison des nombres mêmes entre eux. Les relations des nombres se manifestent par le calcul.
Les Pythagoriciens sont les premiers à mettre en évidence les couples d’opposés qui fonctionnent dans la nature et dans l’homme ; ils enseignent que toutes les choses sont composées de contraires ou d’opposés : un et multiple, limité et illimité, impair et pair, masculin et féminin, repos et mouvement, lumière et obscurité.
A partir de ses qualités mathématiques, les pythagoriciens établissaient un lien entre les nombres et les idées.
Ainsi les nombres impairs sont considérés comme masculins, émissifs, actifs et les nombres pairs comme féminins, réceptifs et passifs.
Il faut nuancer ces propos car la caractère de passivité s'applique différemment dès lors qu'on aborde l'aspect géométrique, où il sera plus question d'attraction et d’expansion.
Les nombres complémentaires sont formés des chiffres situés aux extrémités car leur somme donne l'unité :
Tous les nombres émanent du nombre Un. Le point de départ de cette émanation est dans la Lumière spirituelle. Plus un nombre s’éloigne du nombre Un, plus il s'enfonce dans la matière, plus il se rapproche du nombre Un, plus il remonte vers l'Esprit et la Lumière. On obtient la double progression :
Parmi les neuf premiers nombres, on trouve trois nombres premiers (ils ne possèdent pas de diviseur à part l'unité et eux-mêmes). : 3, 5 et 7. Les nombres sacrés de l’Apprenti, du Compagnon et du Maître. Tous les autres nombres peuvent être obtenue par multiplication.
Du nombre à la forme géométrique
Le nombre du grec arithmos, ne désigne pas seulement un nombre (toujours entier), mais aussi l’agencement des chose (la structure). Les nombres figurés relient l’arithmétique et la géométrie.
La géométrie rend visible le nombre quand la musique le rend audible. Le nombre est la réalité intérieure qui modèle le monde extérieur.
Pour la mathématique pythagoricienne, l'unité n'était pas un nombre, mais le principe, l'archè de tous les nombres, disons le principe et non le début. Une fois admise l'existence d'une autre unité et de plusieurs unités, c'est de l'Unité que vont dériver, par addition, deux et tous les nombres. Les pythagoriciens concevaient les nombres comme formés et constitués ou représentés par des points différemment disposés.
L'unité était représentée par le point (sèmeion = signe) ou, quand le système alphabétique de la numération écrite fut adopté, par la lettre A ou Alpha qui servait à désigner l’unité.
Deux, lui aussi, n’était pas pour les anciens pythagoriciens un nombre mais le principe des nombres pairs. Cette conception se perdit par la suite, car Platon parle du deux comme « couple » et Aristote comme du seul premier nombre pair.
Proclus observe que le nombre deux possède un caractère, en quelque sorte, intermédiaire entre l'unité et le nombre trois, Non seulement parce qu’il en est la moyenne arithmétique, mais aussi parce qu'il est le seul nombre qui donne le même résultat si on l’additionne avec lui-même ou si on le multiplie par lui-même, alors que pour l'unité le produit est inférieur à la somme, pour le nombre trois il est supérieur; soit :
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Arithmétiquement: 1+2=3. Trois peut donc être considéré que comme la somme de un et de deux; alors que tous les autres nombres, non seulement sont la somme de plusieurs unités, mais aussi celle de deux parties, toutes les deux diverses de l'unité.
Le nombre trois est un triangle, ou nombre triangulaire; il est le résultat de l'accouplement de la monade et de la dyade. On a ainsi avec la trinité la manifestation ou l'épiphanie de la monade dans le, monde de l'étendue.
Si le nombre triangulaire trois a la forme d'un triangle équilatéral, en suivant le développement homothétique, les autres nombres triangulaires auront eux aussi une forme régulière, et l'on conserve dans le développement la similitude de la forme.
Les pythagoriciens assignent au Dieu suprême le nombre trois qui est parfait, car il a un commencement, un milieu et une fin.
Les nombres triangulaires s'obtiennent par addition des nombres entiers :
Certes cette vénération du nombre trois n'est pas particulière au pythagorisme; la tradition extrême orientale l'expose par exemple, dans le Tao Te King avec la formule :
Le nombre trois en un certain sens est le dernier donc le nombre parfait par exelIence; donc, dans le système de numération parlée à base ternaire, quatre est une nouvelle unité, comme dix dans le système décimal; les deux nombres quatre et dix, dont nous avons vu la connexion dans la tetractys, se trouvent aussi associés par le fait qu'ils constituent la nouvelle unité dans leurs respectifs système de numération.
La somme de deux nombres triangulaires consécutifs est égale à un nombre carré; ceci permet de déduire de la succession des nombres triangulaires celle des nombres carrés.
Ex : 16 = 6 + 10
Le nombre 4 dispose également d'une représentation solide en 3D.
Etant donné que pour délimiter un segment de droite il faut deux points. le nombre minimum de droite servant à délimiter une portion du plan est trois; parmi tous les nombres plans, trois est le minimum; analogiquement le nombre minimum de plans nécessaires pour délimiter une portion de l'espace est quatre; parmi tous les nombres solides le nombre quatre ou le tétraèdre est le minimum.
La loi de formation de ce tableau est la suivante : tout élément du tableau est égal à la somme de tous les éléments de la ligne précédente à partir du premier jusqu'à celui qui est directement au-dessus de l'élément recherché.
On voit bien dans ce tableau que :
Selon Platon (cf. Le Timée), ce tétraèdre ou pyramide comme il l'appelle, est la dernière particule constituant les corps, l'atome ou molécule de la matière.
Il n'existe qu'un seul développement linéaire des nombres. Par contre il existe une infinité de développements plans et de développements solides. Par exemple le nombre 5 peut se représenter en plan par les cinq sommets d'un pentagone et dans l'espace par ceux d'une pyramide à base carrée.
Le nombre 5 est également le premier nombre de 4D. Ainsi le pentagramme, symbole associé au nombre 5 est en fait une représentation en 2D d'un objet en 4D, soit une hyper tétraèdre.
Une application des nombres figurés
Si un triangle est rectangle, alors le carré de l’hypoténuse (le côté opposé à l’angle droit) est égal à la somme des carrés des deux autres côtés.
On sait que dans le triangle ABC, le plus grand côté est C et que A = 3 cm et B = 4 cm. On a C² = 3² + 4² = 9 + 16 = 25 cm, soit C = 5 cm
En relation avec le nombre d'or
Le terme « pentagramme » représente une étoile à cinq branches, et est désignée en latin par les termes pentagulum et pentaculum, mais aussi par les termes Signum pythagoricum (« Signe pythagoricien »), signum Hygae (signe d'Hygée, à partir du mot grec ὑγεία, « santé ») ou encore signum salutatis (en latin : « signe de la salutation », entre pythagoriciens).
Symbole central de l'école de Pythagore
Un des symboles les plus connus de Pythagore est certainement sa fameuse Tetraktys, qu'il qualifie :
« d'immense et pur symbole, Source de la Nature, et modèle des Dieux ».
Elle résume à elle seule l’ensemble de l’enseignement pythagoricien.
Modèle universelle de la création.
L'alphabet de la géométrie
Compte tenu du parallélisme entre arithmétique et géométrie, il est en effet possible de visualiser chaque nombre par des points en fonction du nombre d’unités qu’il contient :
En effet la tétrade, qui succède à la monade, la dyade et la triade, qui représentent les trois premiers nombres, est l’expression d’un volume.
« L’ensemble de la monade, de la dyade, de la triade et de la tétrade comprend le tout : le point, la ligne, la surface et le monde concret matériel. (...) La somme ou la décade est parfaite et contient le tout »
Arturo Reghini ~ Les Nombres Sacrés dans la TraditionPythagoricienne Maçonnique
La tetraktys correspond au quatrième nombre triangulaire. Il provient de l'addition des 4 premiers nombres entiers :
1 + 2 + 3 + 4 = 10 et 10 = 1.
Pour Fabre d’Olivet dans sa traduction des Vers dorés de Pythagore :
« ces quatre nombres qui, réunis par l'addition, produisent le nombre dix, constituaient l'Etre, tant universel que particulier. »
Clef numérique et géométrique de la Création de l'Ame du Monde
Le Timée, écrit par Platon vers 357 av J.C., s’intéresse à la structure de l’univers en décrivant comment s’est formée l’Âme du Monde. Platon nous parle d’une substance intermédiaire qui participe à la fois de la suite des doubles (diagonale gauche : 1, 2, 4, 8) et de la suite des triples (diagonale droite : 1, 3, 9, 27), mais nous laisse le soin de la calculer.
La Tetraktys sert ici de structure réceptable à ces deux séries laissant vierges trois cases.
« Voici de quels éléments et de quelle manière il la composa. Avec la substance indivisible et toujours la même et avec la substance divisible qui naît dans les corps, il forma, en combinant les deux, une troisième espèce de substance intermédiaire, laquelle participe à la fois de la nature du Même et de celle de l’Autre, et il la plaça en conséquence au milieu de la substance indivisible et de la substance corporelle divisible. »
Platon ~ Le Timée
L’Âme du Monde, située au centre du cosmos, est composée selon la célèbre Tetractys de la suite de raison 2 (1, 2, 4 et 8) ou puissances de 2, la substance divisible, et de la suite de raison 3 (1, 3, 9 et 27) ou puissances de 3, la substance indivisible.
La substance intermédiaire est donc composée par la série hexagonale : 1, 6, 12, 18 etc correspondant aux nombres hexagonaux de première dimension.
Elle s'obtient de la manière suivante :
Cicéron dit que pythagore croyait qu’il y avait une âme contenue toute entière dans la nature et circulant en elle, et dont nos propres âmes étaient des fragments.
La structure universelle de l'espace-temps
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En dupliquant successivement la tetractys avec un angle de 60°, on obtient une structure hexagonale centrée composé de trois couches périphériques respectivement composées de 6, 12 et 18 points, soit 37 au total avec l'unité centrale.
Il s'agit de la représentation géométrique des nombres hexagonaux centrés qui constituent le structure numérique de la Fleur de Vie ou Rosace Sacrée.
Nous verrons plus loin que cette forme constitue l'une des trois principales grilles de construction géométrique des 29 symboles de la Géonumérologie.
La Fleur de Vie peut donc légitimement être considérée comme une représentation géométrique de l'Âme du Monde.
Le Tetragramme
Dans la tradition juive, le nom sacré de Dieu, le Tétragramme, est composé de quatre lettres, dont une redoublée : Yod (I), Hé (E), Vav (V) et Hé (E) et retranscrit YHWH en français.
Chaque lettre de l’hébreu correspondant à un nombre, la valeur numérique de IEVE est de : 10 + 5 + 6 + 5 = 26. Si on additionne tous les lettres présentes dans la Tetraktys on obtient le nombre 72 :
Chaque génie opère pendant une période de 5 jours / degrés représentée sur un cercle divisé en 360 degrés.
La connaissance de ce nom était sensée procurer des pouvoirs divins selon Papus dans son Tarot des Bohémiens :
« Si l’on en croit l'antique tradition orale des Hébreux ou Kabbale, il existe un mot sacré qui donne, au mortel qui en découvre la véritable prononciation, la clef de toutes les sciences divines et humaines. »
De l'un au multiple
La Tetraktys est également utilisée dans plusieurs systèmes symboliques où les dix "cases" servent de réceptable aux éléments étudiés.
C'est notamment le cas en Alchimie où l'on retrouve :
« Lorsque Dieu entreprit d’ordonner le tout, au début, le feu, l’eau, la terre et l’air (…) il commença par leur donner une configuration distincte au moyen des idées et des nombres. » Platon ~ Le Timée
Au sommet du triangle se trouve la monade, le pur état d'unité qui représente l'Esprit Divin.
La base du triangle se compose de quatre points qui représentent les quatre éléments du monde matériel.
La création descend par deux niveaux intermédiaires d'émanation : une dyade de principes complémentaires et une triade énergétique.
Premier maître universel, selon Hegel
Inventeur des termes philosophie et cosmos.
Pythagore considérait l'Univers comme un Tout animé dont les Intelligences divines, rangées chacune selon ses perfections dans sa sphère propre, étaient les membres.
Ce fut lui qui désigna le premier ce Tout par le mot grec Kosmos, pour exprimer la beauté, l'ordre et la régularité qui y règnent.
Les Latins traduisirent ce mot par Mundus, duquel nous avons fait le mot français Monde. C'est de l'Unité considérée comme principe du monde que dérive le nom d'Univers que nous lui donnons.
Pythagore qualifiait les Trois Mondes à travers les termes suivants :
L'Homme est dans cette vision considéré comme un « microcosmos » ou Petit Univers, et possède en lui‑même la même structure organisatrice que l’Univers, le « Macrocosme ».
La théorie des formes (aussi appelée théorie des idées) est la théorie selon laquelle les idées abstraites, existent réellement, sont immuables et universelles et forment les modèles (archétypes) des choses et formes que nous percevons avec nos organes sensoriels.
Le mot εἶδος (eidos), dont dérive le mot idée, signifie littéralement forme ou image. Le terme Cosmos désigne un "Tout" ordonné numériquement. En grec ancien, on dit harmonia tou kosmou, « harmonie du cosmos », « musique des sphères ». Le mot « harmonie » a un sens très large, il désigne surtout les bonnes proportions, le rapport entre les parties, d'une part, et entre les parties et le tout, d'autre part.
« L'Univers conçu comme un tout animé est composé de trois principes qui sont : la Nature, l'Homme et Dieu, ou, pour employer le langage des hermétistes, le Macrocosme, le Microcosme et l'Archétype. » Papus ~ Traité élémentaire de Science Occulte
Au VIème siècle avant J.C., quelqu’un dit à Pythagore, illustre mathématicien grec : « Vous êtes un sage ». Pythagore répondit alors : « Non, je ne suis pas un sage, je suis seulement à la recherche de la sagesse. Je suis un ami de la sagesse. J’aime la sagesse. » Ainsi, naquit le mot philosophie, issu du grec philos : amour et sophia : sagesse.
Point de départ de la philosophie occidentale, Pythagore était d’ailleurs considéré par Hegel comme le « premier maître universel ».
Pour ce philosophe l’univers, ou Cosmos, est considéré comme un ensemble ordonné basé sur l’harmonie des nombres. Tous les courants philosophiques grecs (platonisme, aristotélisme) développent l’idée du macrocosme et du microcosme.
Analogie et loi ternaire
Cette doctrine affirme l’existence d’un continuum entre toutes les parties de l’univers, dans la pluralité de ses niveaux de réalité, de l’infiniment petit à l’infiniment grand. Il existerait des correspondances symboliques et réelles entre toutes les parties de l’univers visible et invisible.
Le dénominateur commun à toutes les Traditions Antiques est celui d'une constitution ésotérique de l'homme fondée sur une structure ternaire de I’Univers et basée sur l’existence de trois mondes (monde des Archétypes, microcosme et macrocosme).
L'homme, en tant que « microcosme », doit nécessairement participer aux « trois mondes » et avoir en lui des éléments qui leur correspondent respectivement; et, en fait, la même division ternaire générale lui est également applicable : il appartient par l'esprit (Mental) au monde spirituel, par l' âme à celui du monde psychique, et par le corps au monde physique.
La théorie des analogies et correspondances considère les parties du monde et la nature comme analogues et leurs éléments en correspondances. Ainsi, l'homme (microcosme) et le monde (macrocosme) seraient analogues, ressemblants, de même structure.
L'analogie est la faculté de l'intelligence qui permet d'établir des liens. C'est la base de la créativité dont le principe est d'établir des liens entre des choses qui apparemment n'en avaient pas entre elles.
Pour pratiquer son art, Pythagore utilsait une table où les éléments d'étude jouent le rôle de nombres, et c'était là le véritable aspect de la table de Pythagore telle qu'elle était utilisée par les initiés.
On la réalise en traçant deux droites parallèles horizontales, recoupées à angle droit par deux autres parallèles. La table se trouve ainsi divisée en neuf parties disposées sur trois lignes et sur trois colonnes, ce qui lui a valu le nom de « planche tripartite ».
On a donc neuf cases de forme carrée dont le contour, tracé partiellement, n'est complet que pour la case centrale.
Premier des philosophes occidental, il associe à son raisonnement la notion de structure (la forme géométrique), sans lien apparent avec les éléments de base (les nombres), pour en déduire des propriétés nouvelles de ces éléments. Il est en cela le père de la démarche systémique, mais aussi de la Gestalt, ou théorie des formes.
Le père du structuralisme et de la démarche systémique
Nous avons dit que la numération parlée grecque était décimale comme la nôtre, où dix et les puissances de dix représentent des unités d'ordre supérieur.
Mais la numération parlée grecque, comme la sanscrite d'ailleurs et la latine pour ne citer qu'elles, conserve des traces d'une numération parlée basée sur trois et qui s'est fortement imprimée dans l'esprit du peuple et a justifiée sinon déterminée, cette prédilection pythagoricienne pour le nombre trois dont l'écho est arrivé jusqu'à nous.
Trois est universellement considéré comme le nombre parfait par excellence. Les maximes populaires: omne trinum est perfectum, « jamais deux sans trois », s'en inspirent.
« Il existait dans l'école pythagoricienne et néo-pythagoricienne une maxime générale selon laquelle toute collection de choses devait admettre une division en trois catégories », écrit Gino Loria.
Nous avons vu plus haut que Le nombre trois en un certain sens est le dernier dans le système de numération parlée à base ternaire, quatre est une nouvelle unité
Bien entendu, la triade des triades. le nombre neuf, produit de trois par trois, est pour cela, comme le souligne Dante, un nombre plus que parfait. Ainsi, rien d'étonnant il ce que trois et neuf aient assumé une grande importance dans le culte et dans la magie.
Cette classification en triades et la tradition ternaire, en accord avec la numération archaïque basée sur trois qui fait de quatre une nouvelle unité, conduit à classer en triades tous les nombres naturels.
Découvrez la symbolique associée aux Trois Mondes
En effet, on trouve chez Théon cette disposition des neuf premiers nombres :
représentés dans le texte de Théon par les neuf premières lettres de l'alphabet grec qui servaient alors de signes numéraux.
« La Monade représente l’essence de Dieu, la Dyade sa faculté génératrice et reproductive. Celle-ci génère le monde, épanouissement visible de Dieu dans l’espace et le temps. Or le monde réel est triple. Car de même que l’homme se compose de trois éléments distincts mais fondus l’un dans l’autre, le corps, l’âme et l’esprit ; de même l’univers est divisé en trois sphères concentriques : le monde naturel, le monde humain et le monde divin. La Triade ou loi du ternaire est donc la loi constitutive des choses et la véritable clef de la vie. (...)
Ainsi elle ouvre comme par enchantement à l’esprit émerveillé la structure interne de l’univers ; elle montre les correspondances infinies du macrocosme et du microcosme. Elle agit comme une lumière qui passerait dans les choses pour les rendre transparentes. » Les Grands Initiés - Edouard Schuré
L'enseignement ésotérique de Pythagore
Le Quadrivium
Le terme quadrivium désigne l'ensemble des quatre sciences mathématiques dans la théorie antique : arithmétique, géométrie, musique, astronomie.
L’école pythagoricienne transmet son enseignement sous forme d’initiation. Le terme de mathématique, du grec μάθημα « mathêma », « ce qui peut être appris » ou « ce qui peut être enseigné » semble remonter à ce philosophe dont l'école distinguait deux catégories de disciples :
Ces enseignements « secrets » ou « ésotériques », étaient volontairement cachés et réservés à certains. C’est la « discipline de l’arcane ». L’ ésotérisme : du grec « esôtirokos », qui veut dire « aller vers l’intérieur ». Il s’oppose à « exoterikos », « vers l’extérieur ».
Cette doctrine s’inscrit dans la ligne directe de la philosophie hermétique censée constituer la révélation du dieu égyptien Thot (auquel les Grecs donnèrent le nom d'Hermès Trismégiste).
Pythagore avait reçu des Égyptiens, écrit Diodore de Sicile, ses théories sur la religion, la géométrie, les nombres et la transmigration de l’âme. Il ne pouvait donc ignorer la Philosophie Hermétique pratiquée par les prêtres égyptiens.
Devenir semblables aux dieux
« Le But de la doctrine de Pythagore était d'éclairer les hommes, de les purifier de leurs vices, de les délivrer de leurs erreurs, de les ramener aux vertus, à la vérité; et après les avoir fait passer par tous les degrés de l'entendement et de l'intelligence, de les rendre semblables aux Dieux immortels. »
Antoine Fabre d’Olivet ~ Les Vers Dorés de Pythagore
L’initiation antique reposait sur une conception de l’homme où étaient associées l’éducation du corps, de l’âme et de l’esprit. L’homme contemporain cherche le plaisir sans le bonheur, le bonheur sans la science et la science sans la sagesse. L’antiquité n’admettait pas que l’on pût séparer ces choses. Dans tous les domaines, elle tenait compte de la triple nature de l’homme. L’initiation était un entraînement graduel de tout l’être humain vers les sommets vertigineux de l’esprit, d’où l’on peut dominer la vie.
Pour atteindre à la maîtrise, disaient les sages d’alors, l’homme a besoin d’une refonte totale de son être physique, moral et intellectuel. Or cette refonte n’est possible que par l’exercice simultané de la volonté, de l’intuition et du raisonnement. C’était la création d’une âme par elle-même.
« Le grand but des mystères, était d'apprendre aux initiés la possibilité de cette réunion de l'homme avec Dieu, et de leur en indiquer les moyens. Toutes les initiations, toutes les doctrines mythologiques, ne tendaient qu'à alléger l'âme du poids de la matière, à l'épurer, à l'éclairer par l'irradiation de l'intelligence, afin que, désireuse des biens spirituels, et s'élançant hors du cercle des générations, elle put s'élever jusqu'à la source de son existence.
La connaissance de l'Être des êtres a été offerte partout comme le terme de la sagesse; sa ressemblance, comme le comble de la perfection.
La source de tous les biens, est la sagesse, et la sagesse commence par la connaissance de soi-même.
De la connaissance de soi-même, l'homme passe à celle de Dieu; et c'est en fixant ce modèle de toute perfection qu'il parvient à se délivrer des maux qu'il s'est attirés par son propre choix. Sa délivrance dépend, selon Pythagore, de la vertu et de la vérité. »
Antoine Fabre d’Olivet ~ Les Vers Dorés de Pythagore
Le philosophe est donc un amoureux de la sagesse, perçue comme un art de vivre en accord avec les lois de la nature. L’idéal de l’homme est de se conformer à la volonté divine. Dieu n’est pas envisagé comme une entité séparée de l’homme. Il s’agit d’une voie, d’un but à atteindre. On ne cherche pas à l’adorer mais à lui ressembler, où plutôt à le suivre. « Suis dieu (έπου θεῷ) ». C'est la devise du pythagorisme.
Selon la doctrine de Pythagore, nous avons vu que l’homme est triple : corps, âme, esprit. Il a une partie invisible, immortelle et indivisible : l’esprit ; une partie visible, périssable et divisible : le corps. L’âme qui les relie participe à la nature des deux.
Se connaître, c'est s'aligner sur soi-même, ce Soi Supérieur qui représente la vision la plus haute ou la plus profonde que nous ayons de nous-mêmes. La géonumérologie permet de connaître le sol sur lequel la graine en vous peut s’épanouir.
L'Homme entre ciel et terre
Le Destin est la partie inférieure et instinctive de la Nature universelle, que j’ai appelée nature naturée. On nomme son action propre fatalité. La forme par laquelle il se manifeste à nous se nomme nécessité ; c’est elle qui lie la cause à l’effet. Les trois règnes de la nature élémentaire, le minéral, le végétal et l’animal, sont le domaine du Destin ; c’est-à-dire que tout s’y passe d’une manière fatale et forcée, selon des lois déterminées d’avance.
Au moment où l’homme arrive sur la terre il appartient au Destin, qui l’entraîne longtemps dans le tourbillon de la fatalité. Mais quoique plongé dans ce tourbillon, et d’abord soumis à son influence comme tous les êtres élémentaires, il porte en lui un germe divin qui ne saurait jamais se confondre entièrement avec lui.
C’est la Volonté de l’homme, qui, comme puissance médiane, réunit le Destin et la Providence ; sans elle, ces deux puissances extrêmes, non seulement ne se réuniraient jamais, mais même ne se connaîtraient pas.
Au-dessous de lui est le Destin, nature nécessitée et naturée; au-dessus de lui est la Providence, nature libre et naturante. Il est, lui, comme règne hominal, la volonté médiatrice, la force efficiente, placée entre ces deux natures pour leur servir de lien, de moyen de communication, et réunir deux actions, deux mouvements, qui seraient incompatibles sans lui.
« Tu verras que les maux qui dévorent les hommes,
Sont le fruit de leur choix; et que ces malheureux
Cherchent loin d'eux-les biens dont ils portent la source. »
Les Vers Dorés de Pythagore
La Providence est la partie supérieure et intelligente de la Nature universelle, que j’ai appelée nature naturante. C’est une loi vivante, émanée de la Divinité, au moyen de laquelle toutes les choses se déterminent en puissance d’être.
Tous les principes inférieurs émanent d’elle; toutes les causes puisent dans son sein leur origine et leur force. Le but de la Providence est la perfection de tous les êtres; et cette perfection, elle en reçoit de Dieu même le type irréfragable.
L’homme, dont j’ai donné la constitution métaphysique, est une image abrégée de l’univers : il vit également de trois vies que son unité volitive enveloppe. En comparant l’univers à l’homme, nous pouvons concevoir que la Providence représente la sphère intellectuelle; le Destin, la sphère instinctive; et la Volonté de l’homme elle-même, la sphère animique.